Dans cet article nous allons étudier les différents moments énergétiques qu’a traversé la République d’Argentine au cours de son histoire. Pour cela j’ai compilé différentes sources concernant la production et la consommation d’énergie dans ce pays depuis le milieu du 19e siècle.
L’Argentine est un cas d’étude intéressant pour ceux qui souhaitent mieux connaître les interactions entre énergie, économie et société. En effet, l’Argentine qui a d’abord été une colonie sous domination espagnole a connu par la suite un essor économique important, faisant de ce pays la 7e puissance économique du monde en termes de PIB par habitant à la veille de la Première guerre mondiale. Dans la période post Seconde guerre mondiale l’Argentine a poursuivi son développement économique aidée en cela par le développement d’une production locale d’hydrocarbures (pétrole et gaz naturel). La période récente, depuis le début des années 1990, est en revanche marquée par une accumulation des difficultés économiques, avec différentes crises de la dette publique notamment en 2001 et en 2020.
Derrière toutes ces évolutions économiques se cachent des évolutions non moins importantes sur le plan de la consommation et de la production d’énergie en Argentine. Ainsi, nous verrons les sous-jacents énergétiques qui prévalaient en Argentine jusqu’à la veille de la première guerre mondiale avec en particulier une analyse détaillée de la crise de 1890 (Partie 1). Nous étudierons aussi quelles ont été les adaptations énergétiques aux différentes crises traversées par l’Argentine entre 1914 et 1945 avec l’arrêt du commerce mondial (Partie 2). Enfin nous observerons dans l’immédiat après-guerre l’essor de l’utilisation du pétrole puis les difficultées rencontrées suite à la chute de la production locale d’hydrocarbures à partir des années 1990 (Partie 3).
Aujourd’hui seul le premier volet de cet article est publié.
Partie 1 : De l’Argentine coloniale à la première mondialisation des échanges (1800-1914)
1. La biomasse animale et végétale source de l’intégration de l’Argentine dans les échanges internationaux (1800-1889)
Avec l’arrivée des Espagnols au XVIe siècle l’Argentine s’est progressivement insérée dans l’économie-monde comme un fournisseur de matières premières à la fois minérales mais surtout de produits agro-pastoraux. Dans les débuts de la colonisation espagnole l’Argentine constitue pourtant un territoire relativement oublié au sein de l’immense empire espagnol. La seconde fondation de la ville de Buenos Aires en 1580 ouvre une première voie de pénétration dans le territoire Argentin avec la route dite du Camino Real correspondant aujourd’hui à la route nationale 9.
Cette route servait alors principalement à exporter les minerais extraits en Bolivie ou au Pérou également sous domination espagnole. L’Argentine est donc placée administrativement sous l’autorité de la vice-royauté du Pérou. Il faut attendre 1776 pour que le roi d’Espagne Charles III instaure la vice-royauté du Rio de la Plata et que commence à se mettre en place le territoire argentin tel qu’il est connu actuellement.
Du point de vue des échanges commerciaux, l’Argentine pouvait s’appuyer sur l’extraordinaire développement de l’élevage. Introduit par les Espagnols, la démographie des troupeaux semi-sauvage a connu un indéniable succès en Argentine avec près de 40 millions de têtes de bétail estimés au début du 18e siècle[1]. L’élevage du mouton pour sa laine et sa viande est également une source importante d’activité. Le cartographe et écrivain espagnol Félix de Azara qui visite le pays en 1781 rend compte de la situation ainsi :
Toute la richesse de ces habitants dépend de leurs animaux qui se multiplient si prodigieusement que les prairies en sont couvertes
FELIX DE AZARA (1781) [2]
La fin du XVIIIe siècle est une période où l’Argentine passe du statut de territoire de transit à celui de de producteur et d’exportateur de matières premières pastorales. En 1778, le Roi d’Espagne autorise ainsi l’Argentine à commercer avec d’autres pays que l’Espagne encourageant l’essor du commerce avec des pays comme l’Angleterre ou la France[3]. Cette décision accompagne le développement d’une industrie de traitement des produits issus de l’élevage et destinés à l’exportation. En effet, des usines de salaison ou de séchage des viandes (saladero) mais également de traitement du cuir ou de la laine se développent à la fin du 18e siècle[4].
La bourgeoisie commerçante installée dans les principaux ports argentins échange ces « matières premières » contre des marchandises manufacturées produites en Angleterre ou aux Pays-Bas comme de la vaisselle en céramique ou des contenant en métal ou en verre. Très vite, ces marchandises se diffusent dans l’ensemble des strates sociales.
Ce premier développement économique soutenu par le montant croissant des échanges internationaux a permis d’améliorer le confort et la salubrité publique en installant les premiers éclairages publics, les premiers réseaux d’adduction d’eau, le pavage des rues…
La principale source d’énergie à disposition pour soutenir la croissance économique et industrielle du territoire argentin semble avoir été la combustion du bois et du charbon de bois. L’importante surface forestière de l’Argentine a en effet été rapidement mise à profit pour le chauffage des habitations, l’alimentation en énergie des industries ainsi que des premiers chemins de fers.
Ainsi en 1850 l’énergie issue de la combustion de la biomasse représentait encore les 3 quarts de la consommation totale d’énergie du pays :
A la fin du XIXe siècle les capitaux étrangers – principalement britanniques – commencent à affluer dans le pays.
La technologie du transport frigorifique longue distance alors en plein développement permet en effet de transporter de la viande fraîche en quantité importante pour les marchés européens. Le « Frigorifique » est le premier navire frigorifique à transporter ce type de marchandises depuis l’Argentine. En 1878 il accoste ainsi au Havre avec à son bord près de 5500 carcasses de bœufs maintenue à une température constante de -8° Celsius[6].
Entre 1882 et 1914, 5 grandes sociétés frigorifiques s’implantent en Argentine et investissent dans les technologies d’abattages et de réfrigération de la viande[7].
Les capitaux étrangers permettent également la constitution d’un premier réseau ferré en Argentine connectant des portions toujours plus large de son territoire aux échanges avec le reste du monde. L’Argentine commence également à cette époque à développer son potentiel agricole, via l’importation de machines (notamment des batteuses à vapeur) et d’engrais de synthèse à laquelle répond l’exportation de produits céréaliers. En effet, alors que l’Argentine importait encore du blé en 1878 elle était largement exportatrice à la veille de la crise de 1890.
Pour soutenir cette forte augmentation du commerce, l’Argentine commence à importer, à partir des années 1880, des quantités croissantes de charbon d’abord en provenance du Royaume-Uni puis ultérieurement également en provenance des États-Unis.
En effet, cette forme d’énergie qui représentait jusqu’alors une part modeste dans la consommation totale du pays culmine à près de 60% de la consommation totale en 1889. Cette année-là, l’Argentine avait consommé une quantité record d’énergie de 860 000 tonnes équivalent pétrole (tep).
2. La première crise de croissance (1890-1913)
En 1890, l’Argentine est frappée par une crise économique et financière. Cette crise appelée « crise de Barrings », du nom de la banque anglaise en charge des emprunts argentins, a eu un impact important sur le niveau de vie de l’époque, avec une forte hausse du chômage et de nombreuses faillites d’entreprises. Le PIB argentin de l’époque est estimé avoir chuté de près de 11% entre 1890 et 1891.[9]
L’explication classique est que cette crise économique est due à un déséquilibre persistant de la balance commerciale de l’Argentine (cf. Tableau 2). Depuis 1882, l’Argentine importait en effet davantage de biens qu’elle n’en exportât et devait combler ce déficit via la souscription d’emprunts internationaux, principalement auprès de Londres.
Face à l’accumulation de dettes, l’Argentine perdit la confiance des investisseurs en 1890 en ne parvenant plus à lever de nouveaux emprunts. Cette même année le gouvernement argentin choisit de faire défaut sur sa dette publique, le paiement des intérêts sur cette dernière absorbant le taux incroyable de 40% des recettes fiscales.
Cette explication macroéconomique est très convaincante et ne semble pas nécessiter davantage d’investigations. Pourtant malgré les apparences la crise de 1890 en Argentine pourrait avoir des soubassements énergétiques davantage que financiers. En effet, le moteur de la croissance en Argentine était alors son immense potentiel agro-sylvo-pastoral dont la mise en valeur économique s’est faite progressivement autour des premiers centres urbains (Buenos Aires et les villes du Camino Real) et autour des axes de communication naturels comme le fleuve Rio de la Plata ou la côte Atlantique.
Pourtant à mesure que ces terrains « faciles d’accès » étaient mis en valeur, l’exploitation de ressources plus lointaines devait se faire à un « coût énergétique » (aménagements et transports des « matières premières ») toujours plus élevé[11]. L’importation de charbon anglais n’a pu jouer qu’un rôle de « béquille » dans le sens où il venait remplacer certains usages auparavant dévolus au bois (besoins de chauffage, alimentation des trains…) sans pour autant modifier en profondeur le fonctionnement de la machine économique en Argentine. En d’autres termes, les investissements supplémentaires nécessaires pour exploiter la totalité du potentiel énergétique du charbon ne pouvaient se mettre en place en raison des investissements courants réalisés dans l’ancienne infrastructure adaptée au bois-énergie.
Ainsi, malgré une croissance continue de la consommation d’énergie dans le pays, celui-ci se retrouvait en réalité à manquer d’énergie disponible pour investir dans une nouvelle infrastructure énergétique. (Voir encadré 1 pour une explication plus complète)
Pour résoudre cette contradiction,
les crises (économiques, politiques, guerres…) sont des mécanismes utiles où se
croisent baisse des ressources allouées à l’infrastructure économique existante
(et donc notamment dans les besoins économiques de la population) et
augmentation des investissements dans la nouvelle infrastructure (davantage
charbon compatible).
1890, une crise énergétique : Quels sont les éléments de preuve ?
Sur des périodes (relativement) reculées les preuves sont malheureusement rares et éparses. Malgré tout, quelques éléments peuvent être mis en avant. Tout d’abord il faut relever ce fait étrange et contre-intuitif dans la plus grande période de crise qu’avait connue jusqu’alors l’Argentine : la hausse spectaculaire du nombre de kilomètres de voies ferrées installées.
Ce fait est d’autant plus remarquable que les sociétés de chemins de fers argentins, dont la rentabilité était à présent garantie par un Etat insolvable, ne pouvaient plus lever de dettes sur les marchés internationaux. En effet les chemins de fer, qui empruntaient pour leur développement près de 89 millions de pesos-or en 1888, n’en empruntaient plus que 20 millions en 1890. Pourtant entre 1889 et 1893 (année de la reprise économique) la longueur totale des chemins de fer argentins est passée de près de 8000 km à 14 000 km. Le quasi doublement de l’infrastructure des chemins de fer (en 3 ans on installe donc autant de km que pendant les 30 années précédentes) est un exploit dans un contexte de crise économique profonde qui voit la consommation d’énergie du pays baisser de 20% (!)
Ce boom des chemins de fer peut s’expliquer en partie par un décalage temporel entre l’emprunt et la réalisation des investissements (les emprunts de 1888 se matérialisant en 1891 dans un contexte de baisse du coût de la main d’œuvre) bien que les évolutions des années antérieures et postérieures à la crise ne corroborent pas cette hypothèse.
En revanche ce qui est certain c’est que dans un contexte de disette énergétique (contraction des importations de charbon et baisse de la production locale de biomasse) on a consacré plus d’énergie dans l’infrastructure ferroviaire que jamais auparavant. Cela se faisant bien entendu au détriment des conditions de vie de la population (baisse des salaires, augmentation du coût de la vie).
Un autre élément qui indique que la crise de 1890 a des fondements éminemment énergétiques est que les investissements semblent aussi s’être accélérés dans le secteur agricole, les exportations de blé passant par exemple de 179 000 tonnes en 1888 à 1,6 million de tonnes en 1894[12]. Cela suppose des investissements importants durant la « période de crise » dans le machinisme agricole, les engrais de synthèses, le transports (via les chemins de fer) ou encore les systèmes d’irrigation.
De manière plus générale on peut remarquer enfin que la période de crise s’est traduite par une forte baisse des importations (-60% en valeur en 1891 par rapport à 1889) alors que la valeur des exportations ne baissait que dans une proportion moindre (-16% sur la même période). Autrement dit, le niveau de vie « net » s’est contracté beaucoup plus vite que la baisse d’activité dans une série de secteurs notamment ceux tournés vers l’exportation. Il n’est même pas exclu que le niveau d’activité en termes de volume horaire travaillé ait augmenté pendant la crise alors que le volume de biens disponibles à la consommation se contractait de presque deux-tiers.
Où est donc passé ce « travail gratuit » offert par la population argentine ?
Si l’économie classique verrait en cela un effort nécessaire pour un « retour à l’équilibre » financier de la balance commerciale, adopter un point de vue énergétique ajoute une couche explicative plus convaincante à ce sacrifice collectif. Si la population de l’Argentine a augmenté de beaucoup son niveau d’effort pendant la crise de 1890, c’est moins pour rétablir sa balance commerciale que pour réaliser les investissements nécessaires à sa croissance énergétique future.
À ce titre il est intéressant de voir que le bois du Llanos dans l’Etat de La Rioja en Argentine a pu être exploité après l’extension des chemins de fers argentins. Ainsi, entre 1900 et 1930, cette forêt qui était trop éloignée des centres industriels a été finalement exploitée, l’extraction passant de 0 à 100 000 tonnes de bois en 1930 (cf. graphique 4). Le bois qui était avant 1890 l’énergie de base de l’économie devient après la crise de 1890, une énergie d’appoint dont la croissance était assurée par une extension des chemins de fers fonctionnant au charbon.
Avec une économie basée uniquement sur le bois (et du charbon en appoint), la société argentine n’aurait pas pu poursuivre son développement économique en raison de la baisse de qualité de l’énergie principale (de plus en plus de bois nécessaire pour extraire du bois). Avec la transition rapide de la crise de 1890, des investissements colossaux ont été consentis pour adapter l’économie argentine à la nouvelle source d’énergie qu’était le charbon.
Encadré n°1 : Pourquoi tout va mal alors que tout va bien ? |
La crise de 1890 est-elle réellement une crise énergétique ? Un
observateur avisé pointera que certes, la consommation d’énergie baisse à ce moment-là mais elle se ressaisit aussitôt quelques années après. N’est-il pas malhonnête de prétendre à une crise énergétique alors que les chiffres ne semblent rien montrer de tel ni avant ni après la crise ? Ne tordrait-on pas les faits simplement pour servir la rhétorique de l’auteur de cet article ?
Sans écarter totalement cette dernière hypothèse, nous allons tenter à présent d’entrer davantage en abstraction pour étayer la thèse principale autour de la crise de 1890. Prenons donc une société humaine avec trois variables :
1. La production d’énergie soumise à la loi des rendements décroissant (chaque nouvelle « parcelle » d’énergie est moins productive que la précédente).
2. À mesure que des parcelles moins productives sont mises en exploitation la société doit augmenter sa complexité (son coût de fonctionnement) car elle doit gérer davantage de parcelles, toujours plus éloignées et demandant des traitements spécifiques.
3. La différence entre la production et le coût de gestion de cette production tend à se réduire au fur et à mesure. Pourtant c’est cette différence qui permet d’investir dans autre chose que dans la gestion des parcelles existantes, par exemple en investissant dans de nouvelles parcelles (formation de la main-d’œuvre, développement du transport afférant) … ou bien dans une nouvelle source d’énergie.
Graphiquement nous pouvons observer cela :
Si l’on se focalise uniquement sur la courbe bleu (la production d’énergie) nous avons naïvement l’impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. La croissance est là, certes un peu plus faible en fin de cycle mais tout de même présente, la société se développe, les conditions de vies s’améliorent, etc.
Pourtant l’augmentation de la complexité sociale (le coût de gestion de l’extraction d’énergie) est devenue si important que les investissements dans de nouveaux facteurs de production sont quasiment nul en fin de période. La croissance va donc s’arrêter à très court terme, puis la société entrera sans doute en déclin. Paradoxalement, c’est quand le besoin en investissement est le plus criant, que ceux-ci sont impossible.
C’est dans cette situation de blocage qu’intervient la crise. Qu’est-ce qu’une crise ? C’est un évènement soudain qui appelle souvent des mesures exceptionnelles pour sa résolution. Les sociétés humaines sont des organismes complexes capables d’adaptations rapides. Lors d’une crise le corps social va accepter d’augmenter son niveau d’effort sans demander de contrepartie. Pis, il va même continuer à fonctionner alors que certains éléments a priori indispensables sont rendu momentanément indisponibles. Que se passe-t-il donc sur notre société abstraite à 3 variables ?
La crise (ici placée abstraitement en 2020), va faire fonctionner la société en mode « dégradé », l’énergie extraite (bleu) diminuant fortement mais dans une proportion bien moindre que la dépense accordée à la gestion de l’infrastructure existante (orange). Dans ces conditions dégradées la société retrouve des marges d’investissement pour développer des infrastructures adaptées par exemple à une source d’énergie nouvelle, une source avec des rendements plus importants que l’ancienne.
Prochainement
Partie 2 : Le développement énergétique de l’Argentine à l’épreuve des conflits mondiaux (1914-1945)
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Bibliographie :
[1] Buenos Aires City, A brief history of Argentine beef
[2] Felix de Azara dans Jones, E. (1929). The Argentine Refrigerated Meat Industry. Economica, p. 156
[3] Schavelzon, D. (2013). Argentina and Great Britain: Studying an Asymmetrical Relationship through Domestic Material Culture. Historical Archeology, p.13
[4] Freidenberg, J.N. 2010. The Invention of the Jewish Gaucho: Villa Clara and the Construction of Argentine Identity. University of Texas Press, p. 15
[5] Schavelzon, D. (2013). Argentina and Great Britain: Studying an Asymmetrical Relationship through Domestic Material Culture. Historical Archeology, p.14
[6] Maurovic, R. (2007). The Meat Game: A History of the Gepps Cross Abattoirs and Livestock Markets. Wakefield Press
[7] Gaignard, R. (1960). L’économie de la République Argentine. L’industrialisation. Cahiers d’outre-mer, p.267
[8] Anna Carreras-Marín, Marc Badia-Miró, José Peres Cajías. (2013). Intraregional Trade in South America, 1912–1950: The Cases of Argentina, Bolivia, Brazil, Chile and Peru. Economic History of Developing Regions, p.46
[9] Crise de la Barings — Wikipédia (wikipedia.org)
[10] Verley, P. (2019). La crise de la dette argentine des années 1890 : un moment de la régulation économique internationale. Dans Les crises de la dette publique : XVIIIe-XXIe siècle, p.17
[11] Les « pères » de la science économiques, Malthus et Ricardo mettaient en avant le problème de « rendement décroissant » des terres. En effet, une société commence par mettre en production les meilleures terres, celle qui donnent les meilleurs fruits avec le minimum d’effort. A mesure que la société se développe, des terres de moins en moins productives sont mises en culture. Ces premiers économistes prévoyaient ainsi un arrêt de la croissance lorsque le coût de nouvelles mises en culture dépassera le rendement global de l’agriculture. Si cette analyse a été délégitimée par la suite (la croissance économique ne s’étant pas arrêtée), le cas Argentin pourrait nous montrer que laissée à elle-même (sans échanges extérieurs de charbon ou de matériel ferroviaire), l’économie de l’Argentine se serait sans doute effondrée, comme toute les société agricoles complexes qui l’ont précédé.
[12] Verley, P. (2019). La crise de la dette argentine des années 1890 : un moment de la régulation économique internationale. Dans Les crises de la dette publique : XVIIIe-XXIe siècle, p.48
[13] Olivera, G. (2000). Forestry in the Llanos of La Rioja (1900–1960). Dans
Region and Nation : Politics, Economy and Society in Twentieth Century Argentina, p.135
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